Mes petits pharaons,

C’est avec une immense émotion que nous vous dévoilons les premières étapes de notre projet “Taht Rejlina / Underneath Our Feet”, une œuvre de danse-théâtre verbatim qui explore en profondeur la résilience des femmes au sein de la société égyptienne.

Au cours de cette dernière année, nous avons eu la chance de rencontrer et d’interviewer des femmes égyptiennes venant de tous horizons – des mères, des étudiantes, des entrepreneuses, des artistes. Chacune d’elles nous a ouvert son cœur en partageant son histoire unique. De leurs succès et défis personnels, à leurs relations avec leurs familles, en passant par le poids des traditions et leur vision de l’avenir, elles ont mis en lumière la complexité de leurs vies et l’intensité de leur résilience. Ces récits ont nourri notre création, donnant naissance à un projet à la fois intime et universel.

Jour 1 : Le début d’un voyage riche en émotions
L’aventure a commencé sur les chapeaux de roue, avec un départ précipité de chez moi pour attraper mon train en direction de Paris. Après une nuit à la capitale, je me suis envolée pour Le Caire. À mon arrivée, un chauffeur d’une gentillesse rare m’attendait, prêt à me conduire à Alexandrie. Ce trajet de plusieurs heures, à travers les paysages égyptiens, m’a permis de réfléchir aux jours à venir et à la richesse de cette nouvelle expérience.

À Alexandrie, j’ai retrouvé l’appartement où mon assistante, Ilja, et moi allions poser nos valises pour le reste du séjour. L’appartement, situé en plein cœur de la ville, dégageait une atmosphère inspirante, avec ses hauts plafonds et ses grandes fenêtres laissant entrer la lumière méditerranéenne. Là, j’ai retrouvé avec une grande émotion nos danseuses incroyablement talentueuses : Shaimaa, Tasneem, Logain, et Nadine. Nos retrouvailles ont été marquées par des rires, des larmes de joie, et une profonde reconnexion après tant de mois séparées. Elles m’ont beaucoup manqué, et je suis infiniment reconnaissante de les retrouver pour poursuivre cette aventure créative ensemble.

Jour 2 : Plongée dans la création
Notre première journée de répétitions s’est déroulée dans un studio situé dans l’historique Villa 70 d’Alexandrie. Le bâtiment, avec son architecture classique, offrait un cadre à la fois stimulant et serein pour notre travail créatif. Nous avons débuté par des exercices de création de mouvement, centrés sur des questions essentielles : Qu’acceptons-nous d’entendre, de voir, de dire ? Quelles vérités refusons-nous de confronter ? Et qu’est-ce que les normes de la société nous empêchent de percevoir ou d’exprimer ?

Les danseuses ont travaillé avec passion et engagement, utilisant l’improvisation pour explorer ces thèmes complexes. Elles ont laissé leurs corps parler, exprimant des émotions que les mots seuls ne peuvent capturer. Nous avons plongé dans un travail où chaque mouvement raconte une histoire – celle de la force, de la douleur, de la joie, mais aussi des silences imposés par la société.

Au fil de la journée, nous avons approfondi cette exploration physique en posant une question fondamentale : Qu’est-ce que le corps a envie de sortir lorsque les mots échouent ? Que ce soit dans les moments de trop-plein émotionnel ou dans les instants de joie pure, les corps des danseuses ont révélé des vérités cachées, donnant vie à un langage corporel puissant et libérateur.

Après cette intense journée de création, nous avons terminé par une soirée de détente bien méritée. Les filles m’ont emmenée dans un petit restaurant local, Rehan, situé dans une ruelle discrète qui m’a étrangement rappelé certaines rues de Marseille. Malgré son apparence modeste, ce restaurant servait une cuisine délicieuse, pleine de saveurs authentiques. Cette découverte culinaire a renforcé mon sentiment de familiarité avec Alexandrie, une ville dont l’atmosphère et le rythme de vie me rappellent si fortement Marseille. Les similitudes entre ces deux villes portuaires sont frappantes – dans leur organisation, leur dynamique, et même dans l’énergie de leurs habitants.

Remerciements
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à Ilja, Mona, l’Institut français du Caire et d’Alexandrie, ainsi qu’à la Fondation Anna Lindh pour leur soutien inestimable. Grâce à eux, nous avons pu revenir et prolonger le travail entamé l’an dernier. Sans leur aide, que ce soit dans le travail ou à travers les subventions, nous n’aurions pu continuer cette exploration humaine et artistique si profonde.

À suivre…
Les jours à venir s’annoncent encore plus riches en créations, en découvertes, et en émotions. Nous sommes impatients de poursuivre ce travail, et de vous en partager les fruits. À travers “Taht Rejlina / Underneath Our Feet”, nous espérons non seulement célébrer la force des femmes égyptiennes, mais aussi inviter chacun à écouter ces voix trop souvent étouffées par les traditions et les attentes sociales.

Nous vous remercions de votre soutien et de votre intérêt pour ce projet qui nous tient tant à cœur. Restez à l’affût pour la suite de cette aventure !